Novella


L'histoire de Novella est relativement récente puisqu'elle remonte aux années 1640.
A cette époque les habitants de Cruschini désertent leur village (la peste en serait-elle la cause ?). Ils s'installent à Novella et à Palasca mais restent malgré tout attachés à leur village d'origine. C'est du moins ce que nous apprend Monseigneur Marliani qui, en 1946, rend compte de sa tournée épiscopale. II souligne qu'à Cruschini "l'église dédiée aux Saints Côme et Damien reste en excellent état et que le culte y est célébré une fois par semaine par le Padre Pauluandria di Suveria, recteur de Novella".
Novella compte alors 145 habitants.

LA LUTTE FRATRICIDE

Quelques années plus tard Novella prend (si l'on peut dire) son "indépendance".
Ainsi, les objets du culte de l'église Saint-Côme et de Saint-Damien de Cruschini sont partagés entre les deux paroisses de Palasca et de Novella. (Nos lecteurs noteront avec enthousiasme que l'église de Novella abrite toujours un tableau de l'école italienne du 16° siècle). Mais cette rupture ne se fait pas sans heurt.
En 1650, un acte établi par le notaire Ruggero Monti de Palasca règle le partage du vieux village de Cruschini. Il attribue les deux tiers de son territoire à Palasca. Il n’en faut pas plus pour enflammer les esprits novellais lesquels entrent en lutte ouverte contre Palasca.
En 1672 puis en 1714, des missions d'arbitrage sont désignées. Elles ne réussiront pas à régler les litiges. Il faudra, finalement, avoir recours à l'autorité des "Nobile Dodeci" du Royaume de Corse (douze nobles régissent la Corse).
Le Noble Douze, Giacomo Paolo Pietri, est désigné pour régler l'affaire. Ce capitaine trouvera un compromis après une réunion qui, en 1728, regroupe I sgiô(*) Ghjuvan Tomaso Massiani, Tadée Orabona de Novella, Simon Pietri Monti et Giuseppe Maria Leoni de Palasca.
En 1740, l'oratoire de Novella est agrandi. Il devient l'église Sainte Croix avec son campanile.
En 1770, le village comprend 64 maisons.
Sa population compte 236 habitants. Ils vivent du blé et de l'orge qu'ils cultivent. Il y a fort peu d'oliviers et de vignes.
Par contre la cire, le miel et le fromage en petites quantités font l'objet de commerce.


(*)Mais qu'est-ce qu'un Sgiô ? Au détour d'une conversation on vous dira peut-être, parlant de telle ou telle personne importante : c'est un sgiô. On marque ainsi la déférence. Un sgiô c'est un notable ou quelqu'un possédant des biens. La particule s'emploie toujours devant un prénom, jamais devant un nom. U sgiô maestru, désigne l'instituteur, u sgiô maire est plus actuel. On a vu ici où là des graffitis annonçant la venue de u sgiô ministre. L'expression peut également être utilisée de manière ironique : "c'est un sgiô ", sous-entendu il ne se mélange pas au peuple.

CROISSANCE ET MIRACLE...
Au 19° siècle, la Balagne devient prospère. La vallée de l'Ostriconi et la plaine de Novella sont couvertes d'oliviers qui leur assurent une source principale de revenus.
La population continue donc de croître. C'est ainsi qu'en 1854, le village compte 61 constructions et 375 habitants. Le village donne même naissance à "Ombria". un nouveau quartier.
La croissance qui est au rendez-vous s'accompagne d'un état d'esprit entreprenant. En 1880, le curé Lanzalavi décide l'édification de l'église de Novella. L'oratoire est rattaché au campanile et forme l'église actuelle dont les dimensions sont imposantes. Dans cette église, un miracle ne va pas tarder à se produire.
Depuis le 2 juillet 1897, la population peut constater que le tableau de "la Sainte Vierge et de l'enfant Jésus" répand une transpiration miraculeuse. Semblables à l'eau distillée régulièrement tous les 5 à 6 jours, de nombreuses gouttes de sueur recouvrent le tableau...
QUAND LA GARE PARAIT
Le 28 mars 1878, un projet de loi soumis à la chambre des députés concerne le chemin de fer de la Corse. Il vise à relier les deux grands ports de l'île (le projet sera déclaré d'utilité publique le 17 juin 1878).
L'INCENDIE DE 1971

En été, un gigantesque incendie ravage les collines détruisant tous les oliviers. Le maquis prend le dessus. La famille ORABONA (sgiô de Novella) déclare 100 000 oliviers sinistrés.
ÉGLISE DE SANTA CROCE
En 1880, le curé Lanzalavi décide de sa construction au centre du village. Celle-ci est prévue à l'emplacement même du campanile de l'église paroissiale existant depuis 1740. La nef, unique, est terminée par une abside à 5 pans. Ses dimensions sont imposantes.
A observer : l'autel en marbre est dédié à Saint Léonard où encore le "Rosaire" dans la chapelle droite. La Vierge y aurait miraculeusement pleuré. On raconte qu'un jour, alors que des Novellais priaient la vierge miraculeuse, des Palascais passèrent en cabriolet devant l'église et se moquèrent (on l'aura compris les deux villages sont en concurrence).
Ils poursuivirent leur chemin mais, près de la gare, le cabriolet se serait soudainement renversé. Pris de panique, les Palascais se précipitèrent à l'église Sainte Croix pour se repentir.
A observer également : les peintures (selon l'abbé Filippini, elles viennent de l'église de Cruschini) ; les chaises de prière : la bannière de procession.
La restauration de la chapelle fut terminée le 7 août 1993.
MAISONS
• La maison des ORABONA. Cette imposante maison possède 39 pièces. Un belvédère sur le toit permet d'apercevoir toute la plaine de Novella. Il est typique du 19°.
• Au lieu-dit Alivelu, la maison restaurée est un bel exemple de maison bourgeoise fortifiée. Un four et un lavoir en pierre circulaire blanche avec un trou au fond sont visibles de la rue.
RUELLES
Au détour des ruelles, des voûtes et des passages permettent d'admirer des maisons en pierre de granit, notamment celle à droite de l'église Sainte-Croix avec un encadrement de porte en tuffeau.
CHAPELLE SAN MICHELE
La chapelle est construite derrière le cimetière, dont le plus imposant tombeau appartient à la famille ORABONA. Elle fut, parait-il, un temps désaffectée car un meurtre y aurait été commis et l'évêque de l'époque y avait interdit toute célébration.
CHAPELLE SAINT-CÔME ET SAINT-DAMIEN
En contrebas du village de Cruschini. On peut reconnaître l'assise de l'abside.
VILLAGES RUINÉS
* Cruschini. Situé sur une crête entre Novella et Palasca, il fut déserté en 1640.
Ce village se divise en deux parties :
- l'une à flanc de coteau est composée de plusieurs maisons en ligne dont l'une semble imposante. On repérera un vaste four bien conservé.
- L'autre partie, sur la crête, est composée de deux ou trois maisons qui dominent le site.
Notons que l'accès au village ruiné est difficile.
* Pachina. Ce petit habitat ruiné a été récemment repéré grâce à la toponymie. Aucun vestige de ce petit village déserté à la fin du 16° siècle n'a été retrouvé, sinon de très rares céramiques.
FUNTANA ACQUA FREDDA
En 1868, des travaux purent être réalisés grâce à la participation de la population.


« Les sources de ces relevés proviennent de Mr Jean Louis MASSIANI qui nous les a gentiment communiquées, de recherches faites par ma femme Geneviève et ma cousine Anne Marie ORABONA, ainsi que du bulletin de l’association U CHJASSU».